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Relations entre environnement et paix au Sahel : la jeunesse dirige le changement

En collaboration avec UNOY peacebuilders, GPPAC et +Peace, la CSPPS a publié un nouvel épisode du Peace Corner Podcast sur les jeunes, la paix et l'environnement, disponible sur Sound Cloud, Spotify et Apple Podcast :

« Relations entre environnement et paix au Sahel : la jeunesse dirige le changement »

Cette nouvelle saison du podcast est axée sur la localisation de l'ODD16+, ce qui a donné l'occasion à l'un de nos membres tchadiens, Joël Yodoyman, coordinateur de Espaces Verts du Sahel (EVS), de communiquer sur les difficultés éprouvées dans la région du Sahel et de présenter le travail de son organisation. EVS est basée au Tchad et opère également au Cameroun, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, où deux des plus grands défis de développement - la sécurité environnementale et la paix - sont fortement liés. Dans ce contexte, EVS a accompli la mission exceptionnelle de former des milliers de (très) jeunes experts pour répondre de manière proactive aux défis environnementaux.

Joel Yodoyman est impatient de vous parler, en tant qu'auditeur de notre podcast, alors écoutez le podcast pour recevoir le message qu'il vous destine !

P.S. : Nous sommes heureux de vous présenter ce premier épisode francophone dans une tentative de diversification du Peace Corner Podcast !

En voici quelques extraits :

« Je dirai qu’aujourd’hui les questions de paix, de développement et d’environnement sont inlassablement liées. »

« Le Tchad est l’un des pays les plus impacté par le changement climatique. Je prendrai juste l’exemple du Lac Tchad, il y a de ça 40 ans, il avait une superficie de 25 000 km2, aujourd’hui, moins de 2500km2, ce lac a donc perdu plus de 90% de son volume. Nous sommes aussi exposés aujourd’hui à l’avancée du désert et connaissons des irrégularités concernant les pluies, qui impactent les rendements agricoles sur la production, la pêche et l’élevage. Tout cela pousse les populations du nord du pays à migrer vers les zones du sud qui sont un peu plus humides.(…) Les animaux entrent dans des champs, ce qui entraine des conflits et guerres. C’est un fait qui devient aujourd’hui presque incontrôlable. Nous faisons face au Tchad a des conflits meurtriers entrainant des dizaines et des dizaines de morts chaque année. C’est lamentable. Concernant le drainage des eaux de surfaces, la reculée du lac Tchad laisse des marres, lesquelles sont des vecteurs de maladies, comme le paludisme, le choléra, la typhoïde, qui tue des milliers de personnes et notamment d’enfants chaque année au Tchad. Cela entraine aussi des changements professionnels; des personnes qui étaient des pêcheurs il y a de cela 20 ans, sont obligés de devenir des éleveurs, parce qu’ils n’ont plus d’eau dans leur village. Ceci est vraiment source de pauvreté. Les populations aujourd’hui sont vraiment exposées à la pauvreté et donc plus facilement manipulable, d’où la prolifération de mouvements extrémistes à l’exemple de Boko Haram l’exploitant pour les enrôler. Cela a fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de déplacés dans la région du bassin du Lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad). »

« Les défis environnementaux ne sont pas la seule, mais l’une des causes principales dans la guerre du Sahel. »

« Aujourd’hui, 1/4 de la population mondiale à moins de 24 ans. Pour un pays comme le Tchad dans lequel le système éducatif est encore balbutiant il est devenu impératif d’outiller les jeunes et de les former afin qu’ils comprennent l’enjeu. »

« Au sein de la population tchadienne, tout le monde connait les enjeux physiques de la dégradation de l’environnement. »

« Nous avons développé 17 modules de formation qui partent des enjeux de la dégradation de l’environnement, de la pollution, de la biodiversité, du civisme, de paix et de droits de l’Homme. Nous les avons rendus assimilables aux enfants. Nous leur faisons par exemple comprendre que les droits de l’homme doivent être protégés et sont universels. Les enfants passent des examens et à la fin, les enfants attestés devient des enfants-experts, ce qui est assez médiatisé et créé de l’engouement au niveau national. Nous en avons aujourd’hui formé des milliers. Nous choisissons les meilleurs pour les emmener à des conférences internationales, et grâce à eux nous avons gagné un prix de la Banque Mondiale (Connect For Climate) après quoi le Président de la République nous a reçu pour nous féliciter et dès lors nous avons commencé à être entendus. Nous avons demandé des accréditations des enfants pour qu’ils participent à des conférences internationales, que le ministère a validé. Nous avons essayé de rendre cet engouement national international, en travaillant avec des groupes d’enfants au Cameroun, au Niger, au Mali, au Burkina… »

 

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